Vivre son Ikigaï

Qu’est-ce que l’Ikigai ?

En japonais, Ikigaï vient de « ikiru », qui signifie « vivre », et de « kai », qui représente « la réalisation de ce que l’on espère ».

S’il n’existe pas de traduction littérale en français, on peut définir l’Ikigaï comme étant notre philosophie de vie, l’équivalent de notre « raison d’être », de notre « joie de vivre » ; « le sel de la vie » ou encore de la « raison qui nous fait nous lever chaque matin ».

Au Japon, le mot est souvent utilisé pour parler d’une passion intense qui nous aide à trouver du sens dans ce que l’on fait. Il se place donc au croisement de ce qui nous motive, notre moteur et notre idéal. Tout ce qui nous amène à nous sentir bien vivants.

Ce concept se rapproche d’autres concepts, désigné ainsi par Mihaly Csikszentmihalyi, père de la psychologie du bonheur, tel que le Flow (expérience optimale) ou la motivation intrinsèque (faire quelque chose sans attendre une récompense extérieure, comme de l’argent par exemple).

Cet état d’esprit japonais datant du XIVe siècle et toujours d’actualité expliquerait notamment la longévité exceptionnelle des habitants de l’île d’Okinawa, aussi surnommée « l’île des centenaires » : pour ces Japonais, trouver une bonne raison de se lever le matin est la clé de l’équilibre, associée à une alimentation saine, une activité physique quotidienne et un lien très fort avec les membres de la communauté.

La bonne nouvelle, c’est que tout le monde peut trouver son Ikigaï, cela demande un peu de réflexion, d’introspection et du temps, celui de se consacrer à sa quête personnelle.

J’ai beaucoup lu sur le sujet et j’ai condensé ici tous les éléments qui m’ont paru pertinents. Les questions qui suivent ont pour but de vous mettre sur la voie.

1. Se sentir vivant.e

Avant de commencer votre investigation, je vous invite à prendre le temps de vous isoler dans un coin tranquille et de fermer les yeux, afin de vous centrer sur vous-même. Plongez-vous dans vos souvenirs et retrouvez mentalement les moments de votre vie où vous vous sentez bien vivant.e.

Concentrez-vous sur les activités qui vous nourrissent, vous stimulent, celles qui allument une flamme en vous. Et faites-en une courte liste pour en garder l’essentiel.

2. Vivre selon ses valeurs

Une fois connecté.e à ce qui vous rend vraiment vivant, prenez le temps de vous interroger sur vos valeurs personnelles.

Nos valeurs sont comme la colonne vertébrale qui soutient notre vie. Elles définissent ce qui est juste et bon pour nous, ce que nous acceptons ou refusons de la part des autres et de soi-même, ce qui nous met en colère ou en joie.

Les conflits que nous avons avec les autres et même avec notre société sont très souvent des conflits de valeurs.

En cherchant à les identifier, on commence à dresser une carte mentale plus précise à propos de ce qui est important pour soi.

3. Respecter ses besoins

C’est une sacrée question que celle de nos besoins. La plupart des gens ne connaissent quasiment pas les leurs ou alors, ils en ont une vision assez banale et superficielle. Alors, pour vous éviter de penser à des généralités, voici une liste non exhaustive de ce dont nous avons tous besoin :

D’air pur ; d’eau pure ; de nourriture saine ; d’un endroit pour vivre où l’on se sent bien ; de vêtements (y compris chaussures, accessoires de mode, de produits de toilette et de bain, parfums, pince à épiler, coupe-ongles, rasoirs et autres machins dont on a besoin pour être présentable) ; de la liberté de pensées, de faire des choix, de s’exprimer, de se déplacer (par des moyens de transport fiables) ; d’amour, de beaucoup d’amour ; de respect ; d’un emploi rémunéré et épanouissant ; d’un statut social ; d’une bonne réputation ; de la popularité (impliquant peut-être la célébrité) ; de sécurité ; de divertissement ; de chaleur physique ; de confort physique ; de force ; d’endurance ; d’énergie ; de longévité ; de beauté ; de sexe ; de compagnie empathique (chaleur humaine) ; du sentiment d’être à sa place (partout) ; la paix de l’esprit (notamment, être en paix avec l’idée de mourir un jour, et avoir une philosophie ou un modèle existentiel utilisable et fiable avec ou sans fondement spirituel) ; la pureté du cœur (donc authenticité et intensité de vécu) ; de beaucoup de plaisir, de rires et de sourires ; et bien sûr, des masses et des masses d’argent…

D’après Barefoot Doctor adapté de son livre « La vie que je veux » paru aux éditions Marabout

Maintenant que tout est écrit, je vous propose de réfléchir à vos véritables besoins en prenant aussi soin d’écrire le sens qu’ils ont pour vous.

Prenons un exemple : Si vous avez besoin de voyager, précisez quels sont les pays que vous voulez visiter. Peut-être même les villes.
Dans quelles conditions ? Combien de temps ? Avec qui ? Pour faire quoi ? Etc.
Demandez-vous surtout pourquoi est-ce si important pour vous.
Il est même possible qu’en vous cette question sur le « pourquoi ? », vous ouvriez les porte sur un autre besoin encore plus essentiel.

Autre exemple : Si vous ressentez le besoin d’être heureux.se. Précisez de quoi vous avez justement besoin pour être heureux.se. Heureux.se avec qui ? Heureux.se où ? Heureux.se en faisant quoi ? En ressentant quoi ? En entendant quoi ?
Qu’est-ce qui vous rend vraiment heureux.se ? Et pourquoi est-ce que cela vous rend heureux.se ?
La aussi, en trouvant une réponse à cette question du « pourquoi ? », vous ouvrez de nouvelles portes sur votre véritable besoin.

Plus vous serez précis dans vos réponses, plus vous créerez une image claire de ce que vous voulez, et plus vous aurez une chance de vivre selon vos besoins.

Alors quelle est votre véritable motivation ? Faites de votre mieux pour sortir du flou. Soyez le plus précis possible et n’hésitez pas à réfléchir aux détails.

4. Les liens sociaux

A Okinawa, la communauté joue un rôle très important dans le quotidien des insulaires. Tous les jours, on se retrouve entre amis, parents ou voisins pour discuter, échanger, faire des activités physiques ou ludiques.

Nombre d’habitants appartiennent à un « moai », un réseau d’entraide et de soutien financier, psychologique et social.

« On se demande parfois si la vie à un sens. Puis on rencontre un être qui donne du sens à sa vie. »

Brassaï

Décrivez votre manière personnelle d’être en lien avec les autres. Sortez des Réseaux Sociaux et réfléchissez aux liens réels que vous entretenez avec les personnes de votre entourage. Celles qui sont vraiment importantes.

Il est possible qu’en répondant à ces questions, vous preniez conscience que vous n’êtes pas suffisamment en relation avec ceux qui vous sont chers. Alors, sachez qu’il n’est jamais trop tard pour y remédier. Parfois, cela demande de lâcher prise et d’oser faire le premier pas pour créer ou recréer du lien. Vous serez toujours satisfait de l’avoir fait.

Pour vous aider à consolider vos liens, je ne saurais que vous recommander d’utiliser les 4 accords toltèques de Don Miguel Ruiz :

  1. Prends soin de ta parole, car les mots sont magiques. Ils peuvent créer où détruire, procurer de la joie ou de la tristesse.
  2. Ne fais pas de supposition et pose des questions chaque fois que tu as des doutes pour comprendre la réalité d’une situation.
  3. Ne prends pas les choses personnellement, car ceux qui te jugent ou te critiquent ne font qu’exprimer leur propre vision du monde et cette vision n’a rien à voir avec toi.
  4. Fais toujours de ton mieux et respecte tes besoins personnels, car parfois, faire de ton mieux, ça sera de prendre soin de toi en premier. Mais fais en sorte de conserver ton intégrité en donnant toujours le meilleur de toi-même et tu gagneras en confiance.

5. Etre constamment dans la gratitude

Les personnes qui nourrissent la joie dans leur cœur préfèrent voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Ce qui ne veut pas dire qu’elles n’ont pas conscience de la réalité qui les entoure, mais qu’elles choisissent consciencieusement la manière dont elles perçoivent les choses.

L’esprit de l’Ikigaï vous invite à développer un état d’esprit positif, optimiste et plus confiant…

Mon conseil : Prenez le temps d’observer ce qui vous entoure avec la simple intention de les apprécier.

Appréciez la ville, les gens, une architecture, la nature, un arbre, une scène de la vie, la beauté d’un sourire, la flamboyance d’une couleur de cheveux, une odeur, etc. Observez sans juger.

Prenez simplement plaisir à regarder autour de vous et si un jugement vient à poindre dans votre esprit, claquez des doigts, comme pour créer une rupture, afin de revenir à votre observation jusqu’à ce que vous vous sentiez totalement imprégné par la magnificence de ce qui vous entoure.

Les thèmes que je vous invite à explorer sont les suivants :

  • Votre santé / votre physique / votre corps…
  • Votre travail / vos succès / vos études…
  • Vos biens matériels…
  • L’argent…
  • Votre lieu de vie…
  • Les services qui sont mis à votre disposition…
  • Vos passions…
  • Vos relations…
  • Le bonheur…
  • L’amour…
  • La vie…
  • La nature…
  • La planète…
  • L’eau…
  • L’air…
  • Le temps…

6. Reconnaître ce pour quoi vous êtes doué.e

Vous n’en avez peut-être pas consciemment, mais il y a certainement de nombreuses choses pour lesquelles les gens vous complimentent et pour lesquelles ils vous reconnaissent, même s’ils ne vous le disent pas ouvertement. Parfois, il suffit de leur poser la question pour qu’ils s’expriment. Mais parfois, on se sent bien trop intimidé pour le faire.

Quoi qu’il en soit, vous êtes certainement doué.e pour certaines choses. Possible même que vous soyez tellement doué.e que cela vous semble tout à fait normal, mais il y a de grandes chances que ça ne le soit pas (normal).

Un jour, j’ai rencontré une femme qui parlait 5 langues, dont deux dialectes chinois. Pourtant, elle ne considérait pas qu’elle était douée pour les langues, tellement c’était facile pour elle. Il a fallu le lui dire pour qu’elle en prenne conscience.

Donc, ce pour quoi nous sommes doués est souvent complètement transparent à nos yeux, justement parce que nous le faisons avec aisance, sans réfléchir vraiment. Mais il n’empêche que nous sommes doués pour cela !

Toutes sortes de choses entrent dans cette catégorie. C’est la raison pour laquelle je vous ai demandé de commencer par vous concentrer sur les moments où vous vous sentiez vivant.e. Les deux sont très souvent liés.

Ne réfléchissez pas trop et ayez confiance en vous le temps de cette introspection.

Vous pouvez être doué.e pour ce qui touche le corps, le cœur, ou l’intelligence. Ou pour les trois.

Possible que vous les appeliez des talents, des dons, des compétences, des capacités… Peu importe. Vous êtes doué.e !

  • Vos dons liés au corps (habileté physique).
  • Vos dons liés au cœur (habiletés émotionnelles et/ou relationnelles).
  • Vos dons liés au mental (habiletés intellectuelles – cerveau droit / créatif – cerveau gauche / rationnel).

Au passage, ces trois niveaux de conscience liés à nos dons correspondent aux 3 dantiens qui permettent d’activer l’énergie dans le corps.

7. Ce que vous aimez faire

Retournez à vos premières réponses sur « ce qui vous fait vous sentir vivant.e » et faites la liste de tout ce qui vous donne de la joie au quotidien, sans restriction.

Qu’est-ce que vous aimez faire ? Vos passions, vos hobbies, vos loisirs, tout ce qui suscite chez vous un intérêt ou une excitation certaine.

Possible aussi que vous vous sentiez frustré ou jaloux lorsque des personnes font certaines choses que vous n’avez pas encore osé faire. Demandez-vous pourquoi.

Des spécialistes de l’Ikigaï disent que trouver sa voie est un cheminement qui s’effectue parfois dans la douleur en passant par des sentiments de frustration, de colère ou autre. Ce qui peut être désagréables dans un premier temps, mais salutaires pour entamer le changement.

8. Ce à quoi vous désirez contribuer

Donner du sens à sa vie implique souvent d’être en accord avec son environnement et le monde qui nous entoure :

  • Qu’est-ce qui vaut la peine d’être défendu, selon vous ?
  • Quelles sont les causes qui vous touchent et pour lesquelles vous militez, si c’est le cas ?
  • Qu’est-ce qui vous rend triste et que vous voudriez changer dans ce monde ?
  • Y a-t-il un sujet à propos duquel vous irez jusqu’à donner votre vie ?
  • Quel changement voudriez-vous apporter autour de vous ?
  • Qu’est-ce que vous cherchez à apporter dans ce monde ?
  • De quelle manière contribuez-vous à la société ?
  • Dans quel domaine donnez-vous votre temps, même bénévolement ?
  • Que faites-vous ou qu’aimeriez-vous faire pour aider les autres ?
  • Si vous n’aviez pas besoin de gagner de l’argent, que feriez-vous pour contribuer à la société qui vous entoure ?

9. Ce pour quoi vous pouvez être payé.e

Concentrez-vous à présent sur vos activités professionnelles :

  • Quel métier faites-vous pour gagner votre vie ?
  • À l’heure actuelle, quelles sont vos missions professionnelles ?
  • Contre quel service vous rémunère-t-on ?
  • Quels sont les autres services pour lesquels vous pourriez être payé ?
  • Quelle valeur apportez-vous dans votre travail ?

Peut-être souhaitez-vous faire autre chose :

  • Quelles activités professionnelles aimeriez-vous exercer ?
  • Quels services pourriez-vous apporter et contre lesquels vous pourriez être rémunéré.e, que ce soit en tant que salarié ou en tant qu’entrepreneur.se ?
  • Contre quelles activités pourriez-vous obtenir de l’argent ?
  • Quels besoins pourriez-vous combler ou quelles solutions pourriez-vous apporter à des personnes qui seraient prêtes à vous rémunérer pour cela ?
  • Quelles sont les choses que vous savez faire et que vous pourriez échanger contre une rémunération ou un salaire ?

Vos réponses peuvent rejoindre certains points de « ce pour quoi vous êtes douée.e », mais pas forcément.

10. Trouver votre Ikigai

Ce qui vous épanouira le plus dans votre vie correspond donc a ce qui fera le lien entre les huit axes que nous avons explorés.

A l’intersection de ce qui vous fait vous sentir vivant.e, de ce que vous aimez faire, de ce à quoi vous voulez contribuer, de ce pour quoi vous êtes payé.e, de ce pour quoi vous êtes doué.e, de vos liens sociaux, de vos besoins et de vos valeurs :

  • Je me sens vivant.e quand…
  • Mes valeurs…
  • J’ai besoin de…
  • Ce que j’aime faire…
  • Mes liens sociaux…
  • Ce à quoi je veux contribuer…
  • J’ai de la gratitude pour…
  • Ce pour quoi je suis payé.e…
  • Ce pour quoi je suis doué.e…

Là où tout se rejoint se trouvent votre raison d’être et ce qui donne du sens à votre vie.

  • Mon Ikigaï c’est…

À partir de ces éléments, ce sera à vous de mettre en place dans votre vie ce qui vous importe vraiment. De créer, d’inventer ou d’adapter le travail de vos rêves et la vie qui va avec.

Il est fort possible que votre Ikigaï ne soit pas exactement un métier ! Si le cas, c’est merveilleux. Mais, comme on dit, il n’y a pas que le travail dans la vie et une partie seulement de votre raison d’être peut correspondre à une activité professionnelle ; le reste correspondra à tout ce qui met du piment dans votre vie.

L’important, c’est d’imaginer comment chacun des aspects importants de votre existence peut trouver la place qu’il mérite dans votre parcours qui prendra certainement de nombreuses voies. Mais si vous réussissez à mettre un peu de votre Ikigaï dans la majorité de ce que vous faites, il est indéniable que vous y trouviez une grande satisfaction.

Nous cherchons tous à trouver le mode de vie qui nous convient le mieux et qui nous permettra de vivre pleinement notre existence jusqu’à ce que nous nous éteignions.

Tout comme les centenaires d’Okinawa, je vous souhaite une longue et merveilleuse vie.

PascaleBaumeister – Tous droits de reproduction réservés

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