Que sont devenus les créatifs culturels de la fin du 20e siècle ?

Dès les débuts de mon activité de coach professionnelle, en 2000, j’ai constaté que certaines personnes que j’accompagnais étaient plutôt désabusées, principalement parce qu’elles ne se retrouvaient pas dans les valeurs que prône notre société.

Elles se sentaient à part, même si elles menaient souvent des vies bien rangées, qu’elles gagnaient plutôt bien leurs vies en exerçant des professions libérales, qu’elles avaient le statut de cadres, de dirigeants, d’ingénieurs, et qu’elles cochaient toutes les cases que la « société » et notre « éducation » nous disent que l’on doit cocher.

Beaucoup vivaient en mode « adaptation » en portant un « masque social » et en avaient parfaitement conscience, car elles ne se retrouvaient pas dans les valeurs du milieu dans lequel elles vivaient.

Ni pessimistes, ni optimistes, elles avaient souvent un regard réaliste sur notre monde. Elles se posaient beaucoup de questions et remettaient des croyances généralement admises en question. Ce qui fait qu’elles n’adhéraient à rien. Ni à un dogme religieux et encore moins à un parti politique. Même si elles étaient souvent préoccupées par des situations environnementales, animales ou sociales, qu’elles avaient des valeurs fortes et qu’elles étaient en quête d’une forme d’équilibre et d’harmonie.

Elles étaient « inclassables » et étaient souvent fières de ne pas l’être. C’est comme si elles étaient imperméables aux narratifs de notre société. Ce qui faisait d’elles des personnes assez isolées, même si elles étaient souvent très entourées, car elles rencontraient peu de gens avec qui elles pouvaient partager leurs points de vues et leurs idées.

Il leur arrivait pourtant d’œuvrer et de participer à des projets sur des sujets qui leur tenaient le plus à cœur, mais toujours de façon anonyme et discrète, poussées par le désir de faire ce qui leur semblait juste.

C’est alors que j’ai commencé à faire des recherches et je suis tombée sur un livre qui m’a beaucoup intriguée et qui m’a permis de comprendre le phénomène auquel j’avais à faire. C’était en 2006.

Je ne dirais pas que ce livre apporte toutes les réponses concernant ces personnes que j’ai accompagnées, mais cela m’a permis de mieux les comprendre qu’elles allaient bien et de leur faire comprendre qu’elles n’étaient pas des cas si isolés que cela.

Il faut dire qu’à force de se sentir en décalage avec les membres de leur famille et de leur environnement professionnel, elles manquaient souvent de confiance en elles et perdaient régulièrement le sens de ce qu’elles faisaient professionnellement.

Mon rôle étant de leur permettre de prendre leur place an assumant qui elles sont et ce qu’elles attendent de la vie, pour construire des projets qui ont du sens pour elles.

Qu’est-ce qu’un Créatif Culturel ?

Les Créatifs Culturels ont été nommés ainsi par les auteurs de cette étude relayée dans ce livre, parce qu’ils les considèrent comme étant les acteurs d’un changement de société.

Aux Etats-Unis, ceux qui ont été identifiés comme étant les créateurs d’une nouvelle culture en occident représentaient déjà 24 %, en 2000.

En France, en 2007, date d’une étude qui a été faite à leurs propos sur le territoire, ils étaient 17 %. Et ce chiffre a certainement continué à croître depuis.

Tout a commencé aux États-Unis dans les années 80

Lorsque des sociologues (Paul H. Ray et Sherry Ruth Anderson) ont entrepris de faire une enquête. Et 14 ans plus tard, ils en ont publié leurs conclusions dans un livre paru en 2000 « The Cultural Creatives » et traduit en français sous le titre : « L’émergence des Créatifs Culturels », paru aux éditions Yves Michel.

Pour faire court, les Créatifs Culturels sont des personnes qui conjuguent l’écologie, l’alimentation biologique et naturelle, le développement personnel, les médecines douces, l’implication sociale, les valeurs dites féminines et une dimension spirituelle. L’origine sociologique des Créatifs Culturels pouvant être rattachés aux mouvements de société qui ont précédé. Aux Etats-Unis, ce groupe trouve sa place aux côtés de deux autres mouvements : les « Traditionalistes » et les « Modernistes ».

Ce sont les héritiers de divers mouvements écologiques ou anti-racistes, de la contre-culture des années 60, du New Age, etc. Ils rassemblent plusieurs sensibilités, mais ont comme particularité de ne pas vouloir faire partie d’un parti politique, d’aucuns dogme et c’est même une de leurs caractéristiques principales.

Évitons tout de suite les raccourcis :

Les Créatifs Culturels ne peuvent pas être qualifiés d’ « écolos » ou de « bobos », car ils évitent soigneusement les étiquettes politiques ou communautaires.

Selon les auteurs de l’étude, on les retrouve dans tous les milieux sociaux et dispersés dans toutes les régions de l’Hexagone. Ils exercent aussi des métiers très variés, allant de salariés, chefs d’entreprise, professions libérales, agriculteurs, ingénieurs, chercheurs, etc.

Ils fonctionnent mentalement comme des électrons libres et font souvent de très gros efforts pour s’insérer dans l’environnement social dans lequel ils vivent. Ils font souvent le choix de se taire et de ne pas partager leurs opinions et croyances personnelles (où seulement avec un nombre de personnes limité et choisi). Par contre, ils n’hésitent pas à engager des projets souvent localement et à mener des actions bénévoles dans le but de faire changer les choses.

On pourrait facilement imaginer qu’ils sont porteurs de grands espoirs pour l’avenir de l’humanité, car ils peuvent favoriser de nombreuses innovations sociales. Des transformations qui concernent en priorité le développement durable, la mondialisation, etc.

Pour les entreprises, les Créatifs Culturels pourraient constituer un marché en plein développement et l’occasion d’apporter de nouvelles solutions aux grandes questions de ce monde. Il y a un mais (que nous verrons plus loin) !

Je cite :

Prenant ses distances vis-à-vis de la société de consommation et de la technologie érigée en mythe, cette population cultive une sensibilité résolument nouvelle et cohérente jusque dans ses comportements quotidiens : notre société est sur le point d’écrire une nouvelle page de son histoire.

Voici un résumé des valeurs que prônent les Créatifs Culturels :

  • L’authenticité,
  • Les actions engagées,
  • L’apprentissage intégré,
  • L’idéalisme et l’activisme,
  • Le mondialisme,
  • L’écologie,
  • Les femmes au cœur du monde,
  • La solidarité,
  • L’accomplissement de soi,
  • Et la spiritualité.

Et de ce qu’ils refusent :

  • L’idéologie du toujours plus,
  • Le matérialisme,
  • L’avidité,
  • Le moi d’abord,
  • Les dépenses ostentatoires,
  • Les inégalités sociales flagrantes entre les races et les classes,
  • L’incapacité de la société à prendre en charge les besoins des personnes âgées, des femmes et des enfants,
  • L’hédonisme et le cynisme dominant qu’on nous présente comme du réalisme,
  • L’intolérance et l’étroitesse d’esprit,
  • Les analyses partielles et étroites,
  • La glose superficielle et fragmentaire des médiats qui ne décrivent pas ce qu’ils voient et oublient de prendre en compte leurs propres points de vue et expériences dans leurs explications de ce qu’ils savent…

Pour un Créatif Culturel, la réalité comprend aussi bien le cœur et l’esprit, le privé et le public, l’individu et la communauté (lire le livre pour plus de détails).

Mais il y a juste un hic !

Les Créatifs Culturels sont persuadés que très peut d’individus dans ce monde sont préoccupé par ce qui est au cœur de leurs valeurs personnelles et que de ce fait, ils ne peuvent pas avoir d’impact sur la société. Et cela est valable de part et d’autre de l’océan Atlantique.

Ce qui fait qu’ils se rassemblent rarement, qu’ils travaillent rarement ensemble et qu’ils ont tendance à entreprendre des projets seuls, en petits groupes, voir, en famille. Et, sauf erreur de ma part, ça n’est pas de cette façon que nous allons bâtir un Monde Meilleur*.

*Sous entendus, un monde dans lequel les humains pourront vivre longtemps
dans un environnement intact, comprenant une faune et une flore préservée et aussi
variée qu’avant l’émergence du monde dit moderne et industrialisé.

Pour aller plus loin, j’ai créé un petit Quiz qui vous permettra de savoir si vous êtes un Créatif Culturel… Même si on a bien compris que si c’est le cas vous détestez certainement qu’on vous mette dans une case ;o)

FAIRE LE TEST POUR SAVOIR SI VOUS ETES UN CREATIF CULTUREL
https://view.forms.app/pascalebaumeister/le-quiz-des-creatifs-culturels

S’il est clair que ce test ne changera pas la face du monde, il aura au moins le mérite de vous aider à comprendre ce qui est important pour vous et peut-être même à vous orienter vers des projets qui ont du sens.

Pour conclure

Si, effectivement vous êtes un Créatif Culturel, j’aimerai rappeler que vous n’êtes pas seuls, car, comme précédemment cité, on considère qu’au moins 17 % de la population française (65 074 000 personnes) est prête à se relever les manches pour bâtir une nouvelle société, basée sur des valeurs similaires.

Alors, pensez à vous unir à d’autres, à bâtir ou à rejoindre des communautés à la recherche de solutions durables, que ce soit à propose de problèmes environnementaux, de la biodiversité ou du bien-vivre des humains. Et qui n’attendent pas qu’on les leurs servent sur un plateau. Au risque qu’il soit trop tard pour inverser la course de la machine de destruction massive que nous avons malheureusement inventée.

Pensez à consulter mon article sur les Super-Projets !

Bref ! Ça vaut vraiment le coup de lire l’étude qui touche mais si vous êtes un peut débordé, n’hésitez pas à m’écrire pour en recevoir mon résumé.

©PascaleBaumeister – Tous droits de reproduction réservés.

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